Je te prends par la main

Les évêques de Belgique ont publié une nouvelle déclaration sur l’accompagnement des personnes en fin de vie. Le document souhaite apporter des orientations évangéliques aux personnes accompagnant les personnes âgées et les malades. 

Une questions y est soulevée: quelle attitude adopter lorsque la personne accompagnée souhaite demander l’euthanasie? nous devons, écrivent les évêques, rester présents lors de conversations avec les personnes qui envisagent l’euthanasie. Et ils poursuivent: cela n’implique en aucun cas une approbation de l’euthanasie. Pour l’aumônier, cela peut engendrer une tension qui n’est pas facile à vivre. 

Présenter ce document uniquement sous cet angle est forcément réducteur car d’autres thèmes sont abordés: les rites, les sacrements, la souffrance, la résurrection,… 

Je te prends par la main. Accompagnement pastoral de fin de vie peut être commandé sous forme de brochure chez Licap à l’adresse bestellingen@halex.be (coût 3,75€). 

Pentecôte

La Pentecôte est un sujet assez peu abordé au cours de religion probablement pour des raisons de calendriers (liturgique et scolaire).

Dans une capsule vidéo, Simon Butticaz, réalise une analyse du récit assez abordable pour des élèves à partir de la quatrième année. On peut, par exemple, montrer cette vidéo aux élèves et leur demander de reproduire l’analyse sur un texte vierge.

Cette analyse trouverait bien sa place dans une séquence sur la multiculturalité. « Informations » vous proposait d’ailleurs une telle séquence basée sur les stéréotypes et les préjugés (EPC).

Deux nouvelles vidéos sur dominicains.tv

La WebTv dominicains.tv vient de publier deux nouvelles vidéos. La première, une interview de Christine Pedotti sur « Marthe et Marie » et une autre d’Adrien Candiard intitulée « Le coran et l’islam ».

Pour ceux qui ne la connaissent pas, cette WebTv des dominicains de Belgique publie régulièrement des interviews de théologien(ne)s, d’exégètes, d’anthropologues, de sociologues,… comme Christine Pedotti, Myriam Tonus, Frank Andriat, Dominique Collin, Gabriel Ringlet, André Wénin et bien d’autres.

Le site est vraiment bien fait: vous pouvez effectuer une recherche par intervenant, par discipline ou par sujet.

Chacun verra comment il peut utiliser ces vidéos. Pour sa formation personnelle ou pour montrer des extraits en classe.

la casa del Hikma

SaphirNews, le quotidien en ligne du fait musulman en France, a lancé, au début du mois du ramadan, une série originale de vidéos «La casa del Hikma», la Maison de la sagesse, pour déconstruire les idées fausses sur tel mot ou tel concept en islam.

Le principe : un court dessin animé met en scène un échange, contradictoire entre deux personnes, suivi d’une explication avec un spécialiste.

Sept vidéos sont disponibles:

Chacun verra l’usage qu’il peut faire de cette référence

Calendrier SAPRES 2019-2020

Le Sapres est un service d’accompagnement destiné aux professeurs de religion de l’enseignement secondaire. Ce service s’adresse aussi bien aux enseignants débutants qu’aux professeurs plus chevronnés désireux de remettre leurs cours au goût du jour. 

Afin de faciliter la préparation de ces permanences organisées, il vous est demandé de vous inscrire via un mail ingrid.busa@segec.be en n’oubliant pas de mentionner le(s) thème(s) choisi(s) et le jour de votre présence.

Le Sapres reste ce lieu privilégié à destination des enseignants ou d’équipe d’enseignants qui souhaitent travailler à la construction de parcours à partir d’ouvrages disponibles, d’outils, de propositions d’activités, de partages et de relectures de parcours, etc.

Le service vous ouvre ses portes sur simple demande, en contactant Madame Ingrid Busa, conseillère pédagogique et inspectrice diocésaine. 

Adresse :

Maison Diocésaine de l’Education et de l’Enseignement,

17, Boulevard d’Avroy à 4000 Liège – tél. 04/230 57 00

ingrid.busa@segec.be

L’Eglise: de nécessaires réformes

Impossible d’ignorer les scandales des abus sexuels dans l’Eglise : ils ont défrayé la chronique des médias … et continuent de l’alimenter. Abus sexuels sur mineurs pratiqués dans plusieurs pays, violences sexuelles à l’égard de religieuses, déploiement d’une « paroisse homosexuelle » au sein du Vatican. 

Les deux premiers renvoient à des crimes sans nom : l’exploitation sexuelle de personnes vulnérables (des jeunes, des religieuses sans défense). Que de souffrances pour les victimes ! Quant à la « paroisse homosexuelle » vaticane, ce n’est pas l’homosexualité qui est en cause ici, mais notamment l’hypocrisie du système et, partant, la complicité de silence vis-à-vis de pédophiles avérés. 

La pédophilie en effet détruit des jeunes dans la construction de leur image propre, pour une part inconsciente, image comme corps sexué, comme être psychique aussi. Elle perturbe l’être sexué que chacun est. Les viols pratiqués sur des religieuses « obéissantes » engendrent un vécu traumatique qui atteint l’intime même de la personne et altère son sentiment positif d’existence, sans parler des conséquences qui, en cas de grossesse, confinent à l’absurde. 

Ces crimes sont l’expression d’abus de pouvoir de certains membres de la « hiérarchie catholique », en dévoiement de leur vocation première : certains prêtres donc, prélats, séminaristes. Ils soulèvent la question du cléricalisme dans l’Eglise, dont les « fruits » exécrables sont nombreux et les racines profondes. Le pape François s’en est pris sévèrement à ce cléricalisme dans sa lettre au peuple de Dieu d’août dernier. Selon S. Joulain, père blanc et thérapeute, ces abus renvoient à une « culture cléricale » aux composantes suivantes : une culture du secret, l’omerta de certains évêques, la dimension paternaliste et « homosociale » de la culture cléricale, une compréhension erronée de la fraternité sacerdotale, l’absence de formation psychoaffective dans les séminaires, un accès sans contrôle aux enfants. Mais également : une compréhension déformée de la sexualité perçue sous le seul prisme de la vertu de chasteté et non sous l’angle d’une expression libre de consentements. Si l’on se place du point de vue des victimes, comme citoyen « lambda » ou comme baptisé, on est submergé de honte, de colère et de chagrin aussi, comme avec une envie de vomir. 

Les médias ont raison de pointer une crise existentielle pour l’Eglise. L’Eglise – désormais en hiver – n’a pas vraiment le choix : si elle veut survivre à ces abus, elle doit impérativement se réformer en profondeur. Et rapidement ! En commençant par déférer les coupables devant les justices civiles, en écoutant les victimes et en aidant à leur reconstruction psychique, en ouvrant des lieux de « dépôt de plainte » comme cela a été pratiqué en Belgique dès 2012. L’Eglise doit aussi se réformer de l’intérieur : en accordant une place bien plus importante aux femmes et à leur regard sur l’humain, en offrant un choix de vocation (célibat ou mariage) à ses prêtres, en accordant son « sens de la foi » à tout le peuple de ceux qui croient et non aux seuls clercs. 

Devant tant d’ignominies et de telles trahisons du message originel du Christ (terme utilisé par notre évêque dans sa lettre pastorale de Carême), les bras nous en tombent et le désir de quitter ce « bateau » trouve une légitimité. 

Le problème, c’est que c’est aussi – pas seulement – dans la rencontre d’authentiques communautés croyantes que nous pouvons entretenir la petite flamme de la foi-confiance et gonfler nos voiles au souffle qui habite la Parole évangélique. Cette Parole est essentielle : en effet, il est possible de trouver en elle un fondement ultime au principe d’éducabilité et de croissance de chaque être humain, un fondement ultime à cette invitation de notre conscience à être juste, à construire le bien commun, à vivre en égale dignité avec chaque être humain, à lutter contre les inégalités, à convertir nos égos pour créer des chemins de bonté et de bienveillance pour autrui. 

 « Je ne suis pas catholique à cause des prêtres ou des évêques, y compris les meilleurs » déclare Véronique Margron, Dominicaine française, en septembre 2018. « Je suis catholique à cause de l’amour inconditionnel de Dieu pour cette humanité précaire, parfois fracassée par des prédateurs. » Je suis catholique … à cause du Christ et « de la hauteur inégalée de son message éthique, à cause de son indulgence pour l’humanité, en particulier la plus vulnérable, indulgence portée à son paroxysme. Le Christ est le seul modèle divin dont on peut vouloir qu’il existe. » (Chantal Delsol) Victor Hugo avait déjà pointé cette réalité : « La trahison des messagers ne prouve rien contre la vérité du message. »

Selon les grands spirituels, l’ombre est indissociablement liée à la lumière, le mal indissolublement lié au bien. François de Sales (XVIe siècle) soutient que la ligne de démarcation entre le bien et le mal … se trouve à l’intérieur de chacun d’entre nous. La seule manière de faire refluer l’ombre, c’est de faire prospérer la lumière, de la propager, de l’étendre. C’est ainsi qu’elle peut gagner, peu à peu, sur les ténèbres.

L’enjeu de cette crise pour l’Eglise, c’est, comme l’évoque V. Margron,  de « s’éloigner d’un christianisme du code au profit d’un christianisme du ‘style’ », inspiré du style de Jésus, de sa « manière d’habiter le monde par l’hospitalité, l’absence de mensonge et la concordance avec lui-même ».

Dans la proximité de Pâques, espérons une aube nouvelle pour notre Eglise. 

A chacun(e), d’agréables vacances. 

Marc Deltour

délégué épiscopal enseignement

N.B. De nombreux extraits de la presse écrite ont rendu possible cet article. Pour ceux qui désirent approfondir, nous recommandons deux ouvrages, très bien documentés et accessibles, écrits par des femmes, théologiennes catholiques : 1°) celui de l’essayiste critique, Christine PEDOTTI, Qu’avez-vous fait de Jésus ? Albin Michel, 2019 ; 2°) celui de Véronique MARGRON, Un moment de vérité, Albin Michel, 2019.

Le 1er livre est un petit réquisitoire contre l’Eglise comme « institution » où des clercs ont oublié le « peuple de Dieu », si cher au concile Vatican II. Le 2e est complémentaire du 1er, car V. Margron, (élue présidente française des Congrégations de tous les religieux et religieuses de France) y montre sa grande écoute des victimes, sa très bonne connaissance de ces « vies fracassées » et sa relecture théologique et ecclésiale de ces gravissimes dérives criminelles.