Deux artistes qui se connaissaient et s’appréciaient nous ont quittés il n’y a guère : Pierre Soulages, l’artiste des vitraux de l’abbatiale de Conques (près de Rodez. Voir ci-dessus), et Christian Bobin, le poète « qui avait un curé dans la gorge » : il nous lègue une œuvre importante après s’être fait connaître notamment avec la parution du Très-Bas, petit bijou consacré à François d’Assise ou, un peu après, L’homme qui marche, où il propose une lecture sobre, dépouillée, et tellement juste de Jésus de Nazareth. Voix unique, singulière, alliant la poésie à une spiritualité du présent, elle était celle d’un « contemplatif émerveillé de la nature », une voix revendiquant simplicité, candeur et sobriété depuis de nombreuses années. Celle d’un veilleur, « critique de notre modernité sans âme », comme l’écrit si justement Marie Chaudey dans l’hebdomadaire La Vie, le 29 novembre dernier. Voici l’une ou l’autre séquences vidéo – morceaux choisis – où Christian Bobin nous livre quelques paroles de fraîcheur qui lisent la vie en la rendant belle. Paroles choisies par ex., à propos de la beauté simple du quotidien. Ou pour présenter son livre L’homme-joie. Ou encore l’entretien qu’il donne à C. Crevier, un journaliste du Québec à propos de son livre sur la maladie d’Alzheimer (livre en hommage à son père). Du même journaliste, quelques paroles à propos de la foi.
Nous assistons à un million de révolutions tranquilles. Ces mots sont au présent : ils viennent d’Abdennour Bidar, une figure de l’islam libéral français. Cet homme m’a conquis avec son Plaidoyer pour la fraternité (2015). Il a publié sous un titre évocateur Les Tisserands, réparer ensemble le tissu déchiré du monde (Ed. Les mains qui libèrent) et il vient d’achever, en dialogue avec le grand Philippe Meirieu, Grandir en humanité. Libres propos sur l’école et l’éducation (Ed. Autrement). La Libre du week-end dernier a publié un entretien avec lui. Vous y trouverez cette parole enthousiaste évoquée ci-haut, tellement nécessaire en ces temps moroses. A. Bidar, figure contemporaine de spiritualité transversale ou interconvictionnelle, booste et optimise notre pensée.
En matière de rendez-vous collectif qui a rassemblé et boosté de nombreux nouveaux enseignants de religion (tous niveaux et réseaux d’enseignement confondus), nous sommes ravis d’avoir pu renouer avec notre tradition d’une assemblée générale annuelle. A la mi-novembre, Pascale Otten nous a conduits – et surpris – à travers moult portraits picturaux du Christ depuis les origines du christianisme jusqu’au XXe siècle. Ce n’est pas la croix qui s’est imposée chez les artistes chrétiens – elle n’apparaît qu’au IVe siècle – mais bien d’autres figures du Christ comme celle du Bon Pasteur par ex. Nous avons ainsi assisté à un cours d’histoire de l’art chrétien qui jamais n’a manqué de nous surprendre.
Noël est à notre porte. Cette peinture d’Anne Wouters nous le rappelle. Tout enfant qui vient au monde dit combien toute vie peut naître et renaître.
Avec Noël, quelque chose d’autre commence… « J’éprouve de la méfiance vis-à-vis d’un imaginaire un peu trop chaleureux, romantique, ‘sucré’, confie Christian Bobin. Noël n’est pas une jolie histoire, un joli rêve. A Noël, je vois venir à ma rencontre un nouveau-né qui, déjà, est mon maître. Un enfant qui va me donner à manger comme on donne à manger à un nourrisson. Un enfant qui va m’apprendre des vérités élémentaires et pourtant tellement essentielles.
Il va m’apprendre que d’un côté il y a les stratégies, les calculs, la force la puissance, l’argent, la jalousie. Et que, de l’autre, il y a l’attention à l’autre, l’oubli de soi, le don, l’ouverture, la bonté.
A Noël arrive un enfant qui va nous rendre la vie impossible, mais sans cet impossible, il n’y a rien. Noël est comme une brèche ouverte dans le temps. Quelque chose se passe qui semble avoir effacé pendant quelques heures toutes les déceptions de la vie. C’est comme si on attendait quelque chose, quoi je ne sais pas exactement, mais ce que l’on attend là, c’est ce que l’on attend toute la vie, car le meilleur du temps de Noël est presque invisible, faible, et suppose une passion infinie de l’attente. »
Un très Joyeux Noël à chacun.e. Merci pour votre engagement assidu auprès des jeunes. Que 2023 vous apporte cet invisible… si essentiel.
Marc Deltour
délégué épiscopal adjoint